vendredi 13 mars 2009

5 POINTS FORTS DE WATCHMEN, LE LIVRE: ET DE QUATRE


Tout d'abord, mes excuses à mes deux lecteurs (au moins), la chronique est décalée d'un jour. Néanmoins.



4. L'histoire est une merveille d'ambiguïté
Tant les personnages que les situations sont complexes, contradictoires et comprises différemment par chaque protagoniste. Les répliques et les images à double ou triple sens abondent. Un même événement plongera un des héros dans les ténèbres alors qu'il en inspirera un autre à accomplir l'impossible.


Moore construit des outils et des thèmes, des personnages et des situations avec une finesse et un doigté certains, mais il faut voir avec quel talent ils les utilise. Si le premier chapitre pose des personnages très simples, presque archétypaux, le reste de l'ouvrage n'aura de cesse de les rendre complexes, contradictoires et vraisemblables. Moore arrivera à vous convaincre que la pire crapule a malgré tout un bon fond, ou que l'idéaliste naïf agit pour des raisons moins nobles qu'il ne le pense.



Cette ambiguïté est une des pierres de voûte du récit, qui se retrouve jusque dans la conclusion de l'hisoire, en servant de base au climax final.

Un exemple concret: le personnage du Comédien. Présenté très tôt comme une crapule amorale, un barbouse sadomaso spécialisé dans les opérations sales, et ne pouvant se défendre tout seul car mort avant la première case du récit, il acquiert une complexité assez énorme dans ses motivations au cours du récit. La scène de sa rencontre avec Laurie après la réunion avortée est un bon exemple: à la première lecture, avec le commentaire de Laurie, il semble vraiment être un gros dégoûtant draguant éhontément une gamine de la moitié de son âge. La conclusion de la scène donnera une autre lecture à cette case.

Demandez-vous aussi: pourquoi Veidt, tellement persuadé de sa valeur, de son intelligence et de son succès, cherche-t-il l'approbation de ses compagnons d'arme durant la réunion finale?

Ce que Snyder a raté: c'est encore une fois une histoire de style, allons-nous dire. Snyder est un réalisateur direct et démonstratif. Il a du mal à gérer l'ambiguïté. Même si certaines scènes cherchent à garder un équilibre entre plusieurs interprétations - généralement celles autour du Comédien ou de Rorchach, c'est sans doute malgré lui que Snyder penche la balance en faveur de son interprétation personnelle. Ainsi, les autres personnages sont et resteront figés dans un certain carcan, notamment Sally, devenue je sais pourquoi alcoolique dans le film, et des situations comme le dialogue entre l'inspecteur et Dan disparaissent, laissant derrière elle un grand vide univoque. Autant on pourra discuter longtemps du sens de telle ou telle case de la bande dessinée, autant la plupart des séquences de Snyder sont construite autour d'une note d'intention claire et nette.

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