dimanche 15 mars 2009

LA MORT EN PRIME

Repo Man

Une voiture sur une route brûlée, à travers le désert. Une patrouille de police la prend en chasse et arrête la voiture. Le motard vérifie le coffre et, dans un grand éclair, se désintègre, laissant deux bottes fumantes sur le bitume.


Repo Man est le septième long-métrage avec Emilio Estevez (le canard boiteux de la famille Sheen, comme son nom ne l'indique pas). Ouh qu'il était jeune! Otto, le héros du film, est un sale petit con qui se fait engager par la Helping Hand Acceptance Corporation, une petite boîte dont le job est de "récupérer" des voitures, à cheval entre détectives privés et criminels organisés.



Chronologiquement, Repo Man est le premier film de ce que j'appelle avec Southland Tales et Save the Green Planet la Fake Dick Trilogy: les trois films adaptés de bouquins que Philip K. Dick n'a jamais écrit. Ces trois films ont en commun quelques obsessions dickiennes, tant dans la forme que dans le fond: un contexte vaguement uchronique, un casting étendu de personnages hauts en couleur qui se croisent sans arrêt dans les circonstances les plus improbables, une narration in media res forçant le public à courir après l'intrigue, une structure en fugue qui passe d'une sous-intrigue à une autre, une fascination pour le quart-monde et les presque pauvres, un argument fantastique / S.F. qui arrive par derrière sur la pointe des pieds et un final frappadingue, grandiose et ambigu.


En gros: ça ressemble comme deux gouttes d'eau à ce que Philip K. Dick écrivait entre 1961 et 1973, la période la plus prolifique de sa vie, d'où proviennent Le Maître du Haut Château, Coulez Mes Larmes Dit Le Policier, Substance Mort... Déjà un bon point pour moi, j'adore Dick. Ensuite, il y a la patine typiquement années 80, avec ses épaulettes, ses vestons-tshirts, ses sales punks à crêtes, ses drogues synthétiques, ses cabines téléphoniques...

Donc, vous ne l'avez pas vu et c'est normal. Estevez n'était pas plus connu que ça en Europe, à l'époque, le film est inclassable et le tout a une saveur South California assez subtile, mélange d'aquabonisme lascif, d'humour dédaigneux et d'arrogance crétine qui doit peiner à trouver son public de l'autre côté de l'Atlantique.


Pour voir Emilio Estevez habillé en Sonny Crockett piquer des voitures dans un Los Angeles 80's alternatif où les agents du gouvernement ont une main cybernétique, le tout emballé par Alex Cox, qui n'a jamais fait que ça*, il va falloir passer par la case Amazon, j'en ai peur. Faut-il le faire? Pas sûr. J'en possède une copie et j'assène de temps à autre le montage à des adultes consentants, avec des résultats variés, et il est considéré comme culte par certains tordus, mais c'est pas non plus Citizen Kane. Par contre, c'est un des rares films cyberpunk réellement punk.



*une tendance récurrente de cette rubrique.

1 commentaire:

Dim's the pims a dit…

La tronche de chien redneck écrasé d'Harry Dean Stanton est très très bien aussi dans ce film (trouvable hereusement pour moi en hum... divix sur le net).

Je dois dire aussi que pour moi l'imagerie punk c'est avant tout associé à des décors londonien ou new-yorkais (style "class of 84", "un justicier dans la ville" ou le jeu "final fight")ou alors des trucs post-catastrophe (style "akira", "Ken le survivant" ou "mad max").

L'association Californie (et donc body building, plages et crèmes glacées) / Punk c'est moins familier... Sauf dans... "génération perdue"/"lost boys" grand grand film de vampires punk californien beaucoup plus crétin que dickien d'ailleurs...