samedi 7 mars 2009

BETES DE SCENE


Best in show



Je risque d'employer pas mal de fois le terme "audace" dans cette rubrique, mais concernant Bête de scène, je crois qu'on peut aller jusqu'au terme "courage". Si je vous dis que c'est un faux documentaire sur un concours canin axé sur le réalisme et le léger décalage des situations?

Ben oui, vous ne l'avez pas vu et c'est normal, le pitch est moyen sexy. Mais vous venez de rater une comédie particulièrement maîtrisée du réalisateur de Spinal Täp. Je sais, vous ne l'avez pas vu non plus.



Vous voyez votre oncle un peu tordu qui pêche à la ligne tous les dimanches et a une passion malsaine pour la reconstitution de maquettes ferrovières bavaroises? Celui qui soutient mordicus que les statues de l'île de Pâques sont des extraterrestres fossilisés? Imaginez maintenant que tout le cast est comme ça. Et que les situations vont se décaler de plus en plus vers l'absurde, tout en restant cent pour cent vraisemblables, jusqu'à ce que vous acceptiez sans broncher des personnages irrécupérables, comme on fait bouillir un homard.

Pas étonnant que ça ait fait un four, hein? Pourtant, le film EST drôle. Mais si vous riiez sans ressentir un mélange de pitié et de nervosité, vous avez raté quelque chose. Comme ces scènes où le gag dure, dure, et dure encore, jusqu'à ce qu'il ne soit plus drôle, puis dure encore un peu jusqu'à ce qu'il soit drôle à nouveau. Et ces dialogues sans queue ni tête, bourrés d'annecdotes ridicules et récités avec la conviction et la maladresse d'un interviewé lambda à la télévision locale...


Au-delà des situations tendant vers la surenchère sans jamais vraiment y verser, le film fonctionne aussi bien parce qu'à travers les interviews, mises en situation et autres, il dresse le portrait crédibles de personnes disfonctionnelles (le couple gay est le seul équilibré du film), mais complexes et crédibles, traversant le film en enchaînant des situations à la fois ridicules, tragiques, absurdes et vraisemblables.


Mention spéciale à la demi-heure de scènes coupées qui poussent le bouchon encore plus loin, et pour l'insert infographique sur la ventriloquie dans l'Egypte dynastique.

Un film d'acteurs, donc, tous cantonnés habituellement aux seconds rôles - pour situer, le plus connu est Georges "le papa dans American Pie" Levy - mais tous au diapason.

Le DVD traîne souvent dans les bacs d'invendus dans son emballage Digipack (mais si, les boîtiers en carton à l'ancienne).

2 commentaires:

Melle T. a dit…

On ressent pitié ET tendresse en regardant évoluer les personnages, chacun englué dans sa vie de merde respective. Enfin, pas tous les personnages... Mais tous restent crédibles dans leur genre, et au final, on rit mais on a un peu peur quand même.

Surtout si votre mère possède un chien de race et qu'elle aime le montrer.

Le Responsable a dit…

C'est ce que j'appelle "le frisson de la honte", un truc entre l'empathie instinctive, l'envie de dire "mais arrête" et l'impossibilité de le faire. C'est un peu regarder quelqu'un s'enfoncer dans les sables mouvants, ou lâcher un châpelet de blagues racistes à l'anniversaire d'Harlem Désir.