dimanche 29 mars 2009

SOUTHLAND TALES


Vous avez vu Donnie Darko? Vous vous demandez pourquoi vous n'avez jamais plu entendu parlé de Richard Kelly, le scénariste / réalisateur? Southland Tales, voilà pourquoi.


Vous vous appelez donc Richard Kelly*, et vous avez un succès critique et public instantané avec votre premier long métrage. Sans vraiment vous offrir la lune, les studios vous propose une somme d'argent confortable pour réaliser votre prochain film. Ils n'ont rien panné à votre premier effort, mais puisque ça a marché, ils prennent le risque de vous laisser faire.




Vous alignez Sarah Michelle "Buffy contre les Vampires" Gellar, Dwayne "the Rock" Johnson, Seann William "Mec, Où Est Ma Caisse" Scott, Justin "SexyBack" Timberlake et une poignée de visages connus sans qu'on sache d'où, et vous écrivez vous-même le script, en puisant allègrement dans vos lectures d'adolescent, en particulier Phil Dick. Vous montez l'affaire sur 160 minutes et vous présentez ça à Cannes. Et ça fait un four complet.


Arrêtons-nous là, je ne voudrais pas serrer votre petit coeur sensible avec le moment où toute l'intelligensia du cinéma européen se lève en pleine première de votre bébé pour aller faire autre chose. On raconte que Pierre Tchernia a insulté le réalisateur, mimé une nuit de débauche avec la mère de ce dernier devant l'assemblée et balancé son coca sur l'écran avant de quitter la salle en hurlant des insanités.


Maintenant, on attaque le film en bouffant dix bonnes minutes de pure exposition où une voix off vous raconte l'état du monde sur fond d'images d'archives - crise mondiale des combustibles, politique impérialiste et autoritariste des Etats-Unis... si si, c'est de la science-fiction. Passionnant comme un reportage sur France Trois régionales.


Le reste est un brin plus intéressant et beaucoup, beaucoup plus confus. C'est un des films de la fake Dick trilogy, ce qui signifie passer d'un personnage à l'autre sans arrêt, en plein brouillard, et en chérissant la moindre info sur l'intrigue. On suit donc une journaliste lesbienne, un ancien acteur de premier plan, un flic neurotique, un groupuscule néomarxiste, une cabale scientifique pour l'énergie alternative, une cellule du gouvernement qui contrôle internet, le président des Etats Unis, sa femme, sa fille, sa bonne et le petit prince dans une intrigue sur fond d'expériences interdites, de secrets d'états, de problèmes mentaux et de conspirations tortueuses.


Dommage, donc, vous ne verrez jamais Sarah Michelle Gellar en actrice porno / animatrice MTV ou the Rock faire semblant qu'il sait jouer. Comme la plupart des gens, en fait: après Cannes, Sony et Universal n'ont sorti le film que dans une soixantaine de salles. Budget: 17 millions de dollars. Rentrées mondiales: 367.524 dollars et 50 cents. Vous pouvez vérifier. Avec un peu de chance, vous tomberez peut-être sur le DVD allemand. Et encore.


*Non, pas pour de vrai, je sais. C'est un procédé de style, histoire de vous mettre dans la peau du personnage. Un peu comme quand je dis "prenez Richard Berry, par exemple".

5 commentaires:

David in Setouchi a dit…

Mais enfin, monsieur le Responsable, vous n'y êtes pas du tout, il vient de sortir en DVD en France, et je ne parle pas de DVDthèques obscures pour cinéphiles tordus...
Je parle de la Fnac qui en sort une édition spéciale en bout de gondoles et tout le reste...
J'attendais d'ailleurs votre avis sur la chose pour décider de l'acheter ou non (et aussi quelques mois pour que le prix passe de 20€ à 10€)

Napoleon a dit…

Le film est en effet sorti chez Wild Side.
La critique de notre spécialiste es film conceptuel :
http://www.cinetrange.com/?film=744

C'est un film très bordélique mais disons que je trouve ce côté déviant intéressant. C'est sûr qu'il faut se plier le cerveau pour supporter.

Le Responsable a dit…

Oui alors - histoire de pouvoir faire des updates réguliers

*keuf* *keuf*

Excusez-moi, un chat dans la gorge. Donc, j'ai un backlog de chroniques. Est-ce de ma faute si Wild Side décide de se tirer les doigts du cul deux semaines après rédaction? Hein?

Enfin voilà. Sinon, je répète: c'est à voir une fois, mais je suis pas sûr que claquer plus qu'une place de cinoche pour vaille le coup. D'ailleurs, c'est combien une place de cinoche à Paris, de nos jours? 8, 10€?

Sinon très chouette chronique sur Cinétrange. T'es sûr que c'est pas moi qui l'ai écrit?

P.S. et le Turing en bas me propose de taper "refulagn". On dirait du Lovecraft.

David in Setouchi a dit…

Une place de ciné à Paris ça doit être dans les 9€... En fait, j'en sais trop rien parce que j'ai l'abonnement Gaumont qu'il est bien (même s'il était mieux quand il était Gaumont / MK2) et pour 19€ par mois je peux voir autant de films que je veux... (pour pas cher donc... sauf les mois où je vais peu ou pas au cinéma, là ça devient cher soudain... mais je considère ça ma "licence globale" à moi)

Le Responsable a dit…

Et là, je pousse un grand rire sardonique en tordant ma moustache, parce qu'on m'offre le cinoche depuis un mois.

Bon, seulement dans les salles indépendantes de Liège, mais je vais rarement autre part, aussi.