samedi 19 septembre 2009

T. Gondii (épisode 3)


Je finis par découvrir, en ligne, une étude de Kevin D. Lafferty, dans le Journal of the Royal Society B : Biological Sciences, qui avait statistiquement découvert une série de comportements-clés chez les gens atteints par la maladie. Les hommes devenaient moins sociaux et plus négatifs, alors que les femmes devenaient plus proactives et recherchaient la promiscuité. Un autre article, par E.F. Torrey, parlait du lien entre la présence de T. Gondii dans l'organisme et l'apparition de la schizophrénie. Plusieurs tests montraient que, dans certains cas, les symptômes disparaissaient autant avec de l'Haldol, utilisée contre la schizophrénie, qu'avec la Pyriméthamine, prévue pour soigner précisément le parasite, et ce jusqu'au niveau cellulaire.



De la schizophrénie, je connaissais surtout sa représentation en fiction, notamment le film Un Homme d'Exception. Je décidai de me faire une culture sur le sujet. Heureusement, depuis les premiers jours de ma révélation, des années s'étaient écoulées et Internet abritait aujourd'hui la plus grosse et la plus actualisée des encyclopédies. En 200X, la page consacrée à la schizophrénie devait déjà faire une quinzaine de feuillets. Je les imprimai tous et allai passer plusieurs semaines à les relire encore et encore, les couvrant de notes et de remarques, croisant les références et vérifiant les sources. Mais dès les premières lignes, un grand vide s'était ouvert sous mes pieds:

Le psychiatre Kurt Schneider a répertorié les formes particulières de symptômes psychotiques qui selon lui distinguaient la schizophrénie des autres troubles psychotiques. Ils portent le nom de symptômes de premier rang ou symptômes primaires de Schneider, et on peut y trouver l'impression d'être contrôlé par une force extérieure; l'impression que ses pensées sont insérées ou retirées de sa conscience; l'impression de projeter ses pensées; des voix imaginaires qui commentent les actes et les pensées du patient ou avec lesquelles il entretient des conversations.

La nuit venue, je dormis mal. Réveillé par un bruit de vaisselle cassée provenant de ma cuisine, je me redressai brusquement de mon demi-sommeil, glacé par l'angoisse. Je me levai. En traversant le salon ma main, hésitante, attrapa le sabre d'entraînement que j'avais au mur. L'objet était purement décoratif : je n'avais pas la moindre idée de comment le manier élégamment. Mais c'était malgré tout un bon mètre de chêne profilé et solide, et il fit l'affaire quand une silhouette noire surgit dans mon champ de vision.

Le coup était parti tout seul : je frappai la forme de plein fouet, et l'envoyai valdinguer dans un feulement vers le coin de la cuisine. Pétrifié, un bloc de ciment dans la poitrine, je pris le temps de respirer quelques minutes, ou quelques heures, avant d'allumer la veilleuse. Un chat gris-noir, la colonne brisée, se tortillait lentement contre le mur, ses miaulements perdus dans un gargouillis morbide. J'avais frappé le premier coup avant de savoir ce que c'était.

Je portai les quatorze coups suivants en toute connaissance de cause.

(A Suivre)

3 commentaires:

Morri a dit…

Ca ne te serait point arrivé si tu dormais avec un katana au dessus du lit^^.Contre les terreurs millepuis

Le Responsable a dit…

Les katana ça coupe les doigts, et je suis non-violent. Si je dois me défendre, je préfère un truc qui assomme. Mais bon.

Morri a dit…

Mais tu peux assommer avec un katana (sans couper donc;-).Effectivement une brick de lait ou un shaker c'est efficace aussi.